L'idée derrière Sera

En 2010, j'avais 20 ans. À ce moment là, c'était probablement une des seules choses dont j'étais certain dans ma vie. Ça et le fait que j'étais clairement casse-cou. Cette année là, je suis parti en Suisse faire de la planche dans les Alpes. Deux semaines de fun intense et de cuisses raquées. Et une grosse chute. Puis une visite chez le médecin, avant de repartir dans les pentes le lendemain!

À mon retour, j'ai raconté mon histoire à ma tante en lui décrivant la scène de façon assez illustrée. «Donc tu vois matante, je descendait vers le saut à environ 40 km/h. J'avais mal jugé ma vitesse par rapport à la taille du saut, ce qui fait que j'ai fait un vol planné à environ 25 pieds dans les airs avant de retomber direct sur les côtes.» Par politesse, elle m'a laissé terminé mon histoire au complet, mais je suis certain qu'elle n'avait qu'une idée en tête depuis le début: me référer à son ostéopathe.

Connaissant ma tante et son petit coté ésotérique, j'étais un peu sceptique. Mais vu la grande confiance que je lui accordais (et que je lui accorde toujours), j'ai accepté. Et c'était vraiment plus facile d'accepter puisqu'elle m'offrait de payer 60$ sur les 85$ exigés. J'y suis allé une première fois.

On va mettre de coté le coup de coeur que j'ai eu pour l'approche plus humaine de l'ostéopathe pour l'instant. On va plutôt parler du constat qui m'est apparu dès ma première ou ma deuxième visite: «Coudonc, c'est donc bin cher ce service là!». 85$! À mon sens, je ne pouvais qu'imaginer un homme bourgeois en complet-cravate être capable de se permettre ces services là. Aujourd'hui, je réalise que j'avais raison: les hommes en complets se bouscules dans ma clinique. Haha... Non. Bon je voulais surtout dire que mon constat était plutôt juste: l'ostéopathie, c'est une médecine de bourgeois, de gens assurés, ou de gens qui en ont plus que marre de souffrir et de ne pas trouver quelqu'un qui a de réponses pour eux.

Donc, à partir de ce moment-là, l'idée de l'accessibilité commençait à germer dans mon esprit. Disons que je n'était pas tout-à-fait conscient de cette volonté d'agir dans cette direction là avant ma troisième année d'études en ostéopathie. Mais je me souviens avoir eu des idées farfelues, mais ô combien utiles au cheminement vers l'idée qui s'est concrétisée aujourd'hui. Je parlais de prix relatif au salaire. Tu fais 20 000 piastres par année? 40$ pour toi mon ami. 100 000$ ? 200$. On n'avait pas besoin d'études de marché pour réaliser que ce ne serait pas viable. La viabilité: c'était rendu mon objectif secondaire. Je cherchais (et cherche toujours) à trouver des façon de réduire les prix des services d'ostéo sans trop réduire les revenus des thérapeutes.

Pourquoi? Parce que l'accessibilité, on ne règlera pas ça avec 2-3 ostéo-hippies qui chargent moins cher. L'accessibilité touche presque toutes les personnes à faible revenus. C'est un problème de société. Il faut donc autant d'ostéopathes pour participer à cette cause qu'il en faut pour traiter cette population. À ce jour, ce n'est pas quelque chose que j'ai encore évalué, mais le plus possible est la meilleure estimation que j'ai en ce moment.

Pour en venir à l'idée principale, disons qu'elle s'est effectuée en deux temps. La première idée que j'ai eu est venue après avoir entendu parler d'une clinique d'acupuncture communautaire aux États-Unis qui offre un «Sliding-scale», soit un prix volontaire entre 15 et 35$. Ils s'appellent POCA et leur modèle leur permet de voir plusieurs patients en une heure (5 à 6), ce qui est impossible en ostéopathie. C'est donc à partir de là que j'ai eu l'idée de faire comme eux, dans une échelle de 65 à 100$, mais de réinvestir les ''surplus'' au delà de 65$ pour effectuer des traitements gratuits.

La deuxième partie de l'idée est venu à l'été 2015, alors que j'étais en train de rédiger un travail scolaire que j'avais décidé de réaliser sur l'accessibilité de l'ostéopathie par la coopérative de solidarité. Dans cette période, j'ai visionné des conférences de Jeremy Rifkin, un futurologue qui donne une vision optimiste du futur dans laquelle la technologie pourrait nous permettre de réduire nos coûts d'opération et ainsi les prix des biens et services.

«EUREKA! Bâtince!» Que j'ai crié dans mon salon, tout seul, habillé en mou devant mon ordinateur. J'avais eu une vision d'un site web qui allait fonctionner sous ce système de Payez-au-suivant. Un site sur lequel des centaines de thérapeutes allaient pouvoir s'inscrire et donner quelques journées par semaine ou par mois pour participer à un modèle communautaire de l'ostéopathie ou d'autres approches holistiques.