Confession de parents : j’ai eu envie de frapper mon enfant
/Voici LE sujet qui amène une panoplie de questions et d’émotions. LE sujet dont les parents ont honte, celui dont on parle à demi-mot avec la peur au ventre.
J’accompagne les familles dans leurs défis depuis près de 10 ans maintenant et la question des punitions corporelles refait surface à l’occasion. Que ce soit un parent qui admet avoir eu envie de frapper ou qui a frappé son enfant, ou bien un parent qui se demande s’il en est rendu à cette étape tant, il se sent dépassé par les comportements de son enfant.
Étant moi-même maman de deux enfants, j’accueille ces parents à bout de souffle sans juger, parce que vous savez, c’est universel. Je crois que tous les parents, même les plus compétents, ont ressenti au moins une fois ce désespoir.
Ne vous méprenez pas, je ne cautionne aucunement les punitions corporelles. Par contre, je me souviens d’avoir été dans cette affreuse situation. C’est l’heure du dodo et je suis épuisée de ma journée, mon petit fait sa traditionnelle crise du « je ne suis pas fatigué, je ne veux pas me coucher!! » Tout à coup, je me sens désemparée, épuisée et puis je sens une rage monter en moi. Quelque chose de puissant que je n’ai jamais ressenti auparavant. Je sors de la chambre de mon enfant parce que j’ai peur, peur de ce que je pourrais faire. Cette rage, beaucoup de parents l’ont ressentie.
Elle vient d’où cette émotion? À qui elle appartient? Je crois que cette émotion découle d’un sentiment d’impuissance, voire même, un sentiment d’incompétence. À bout de ressources et de stratégies qui ne fonctionnent pas, que reste t’il? Il reste un parent qui se sent nul, qui a l’impression d’être un mauvais parent parce que son enfant ne cesse de pleurer ou bien ne respecte pas les consignes qui ont pourtant été répétées 32 million de fois.
Un jour, une maman a eu le courage de me demander «peux-tu m’expliquer pourquoi ce n’est pas bon de donner la fessée?» Il faut savoir que dans bien des familles, on banalise toujours la tape sur les fesses. Plusieurs affirment avoir eu des tapes étant plus jeunes et ne pas être traumatisé pour autant.
Pour répondre à cette maman et à tous les parents qui en viennent à se demander si donner une tape sur les fesses est la solution, je vous invite à vous poser cette question :
Est-ce que je souhaite que mon enfant m’écoute parce qu’il me respecte ou parce qu’il a peur de moi?
Les punitions corporelles donnent des résultats trompeurs. À court terme, l’enfant risque d’obéir parce qu’il n’aime pas être frappé et parce qu’il a peur d’être frappé à nouveau. Toutefois, le lien de confiance que vous avez mis tant de temps à construire avec votre enfant s’abîme.
Il n’y a pas que le lien qui s’abîme, son estime personnelle aussi. Votre enfant construit son estime et sa confiance à travers votre regard. Lorsque vous lui donnez la fessée, votre enfant se dit qu’il doit vous avoir grandement déçu pour que vous agissiez de la sorte avec lui. Il peut finir par croire qu’il n’est pas une bonne personne.
À long terme, les conséquences de la tape sur les fesses sont insidieuses. Par exemple, si c’est la peur qui fait en sorte que j’obéis, je suis davantage à risque de me retrouver dans une situation d’abus à l’âge adulte. J’aurais tendance à tolérer des situations qui ne me conviennent pas par peur de déplaire. Je pourrais aussi me sentir coupable de situations dont je ne suis pas forcément responsable.
Un autre impact de la fessée, est le risque que votre enfant comprenne qu’il est normal de frapper pour se faire obéir. Votre enfant vous observe et vous admire. Il veut faire comme maman ou comme papa! Je suis convaincue que vous ne voulez pas que votre enfant frappe pour obtenir ce qu’il veut, ni maintenant, ni plus tard.
Il est normal de se sentir à bout de souffle quand on a des enfants. Si vous sentez cette vague d’émotion vous envahir, je vous suggère ceci :
Retirez-vous afin de prendre du recul.
Peu importe le comportement de votre enfant, la conséquence peut attendre quelques minutes. Il est préférable de réfléchir avant de punir. La conséquence aura davantage d’impact si elle est reliée directement au comportement de l’enfant. Une punition corporelle n’a jamais de lien cohérent avec le comportement de l’enfant. Le retrait de privilège ou les gestes réparateurs auront beaucoup plus d’impact à long terme.
Respirez un peu!
Bien souvent, le comportement de votre enfant n’est que la goutte qui fait déborder votre vase déjà bien remplis. Accordez-vous du repos, prenez quelques minutes pour respirer et vous changer les idées.
Demandez de l’aide avant d’aller trop loin…
Que ce soit à vos parents, vos amis ou la voisine d’à côté, il faut être aidé. C’est dans ces moments où l’adage : « il faut tout un village pour éduquer un enfant » prend tout son sens. N’hésitez pas à consulter des professionnels pour obtenir de l’aide. En tant que psychoéducatrice je suis formée pour vous accompagner et vous outiller face aux comportements problématiques de vos enfants.
Un parent qui reconnaît ses limites et qui demande de l’aide est un bon parent!
Cathy Gélinas Ps.Ed.